Le Québec fait face à une situation critique en 2024, souvent qualifiée de “bombe à retardement” pour ses petites et moyennes entreprises (PME). Avec une augmentation de 60 % du nombre de transferts d’entreprises par rapport à l’an dernier, environ 24 000 entreprises doivent changer de mains cette année, comparativement à 15 000 en 2023 et plus de 34 000 entreprises devraient changer de mains au cours des dix prochaines années.
Selon le récent article du Journal de Montréal, Ce chiffre, dévoilé par le président-directeur général du Centre de transfert d’entreprise du Québec (CTEQ), met en lumière une accélération dramatique des transactions : « On s’attend à ce que 24 000 entreprises soient transférées cette année, alors qu’on parlait de 15 000 l’an dernier. C’est une hausse exponentielle de 60 % » .
Cette dynamique représente une pression énorme sur le tissu économique québécois. Beaucoup de propriétaires d’entreprises hésitent à vendre, craignant de perturber les relations avec leurs employés, clients ou fournisseurs. Pourtant, cette vague de départs massifs à la retraite, notamment des baby-boomers, expose les PME à des risques accrus de fermeture ou de rachat par des investisseurs étrangers. Sans une planification de la relève, de nombreuses entreprises pourraient disparaître ou passer sous contrôle étranger.
Le besoin de repreneurs locaux et de plans de relève est donc plus urgent que jamais pour garantir la continuité des PME et préserver l’économie locale. Cette vague de transferts massifs, qui ne montre aucun signe de ralentissement, nécessite une réponse stratégique afin de préserver l’empreinte économique du Québec dans les années à venir.
Une croissance continue des transferts d’entreprises
Depuis 2021, le nombre de transferts d’entreprises dépasse celui de la création de nouvelles entreprises. D’après une étude de l’Observatoire du repreneuriat et du transfert d’entreprise du Québec (ORTEQ), environ 7400 transferts d’entreprises sont réalisés chaque année, avec un total de 52 000 transactions observées entre 2015 et 2021. En 2021, on a atteint un sommet de 8600 transferts, marquant une hausse de 31 % par rapport à 2015 .
Les secteurs les plus touchés par cette tendance incluent le transport, l’entreposage, la construction et le manufacturier . Cette dynamique économique représente des actifs de 26 milliards de dollars chaque année et concerne environ 120 000 employés . Ces entreprises qui changent de propriétaires affichent également des performances supérieures, avec des revenus moyens de 4,8 millions de dollars, soit 9,2 fois plus que les entreprises nouvellement créées .
Voici les statistiques clés de l’Indice Entrepreneurial Québécois 2024:
1. 42,6 % des propriétaires d’entreprises ont identifié un successeur, un chiffre qui monte à 51,4 % pour les entreprises familiales.
2. 57,4 % des propriétaires n’ont pas de plan de relève formel.
3. 34,1 % des propriétaires âgés de 55 ans et plus prévoient transférer leur entreprise dans les cinq prochaines années.
4. Seulement 30,8 % des propriétaires ont consulté des experts externes pour le processus de transfert d’entreprise.
Un manque de préparation alarmant
Malgré cette croissance, une proportion alarmante des propriétaires d’entreprises ne sont pas prêts pour ce transfert. Selon l’indice entrepreneurial québécois, seulement 42,6 % des propriétaires ont identifié une relève, et 57,4 % n’ont pas de plan formel en place. Cela expose de nombreuses entreprises à des incertitudes quant à leur avenir, avec des risques accrus de ventes à des acheteurs étrangers. Ce phénomène a déjà été observé dans d’autres régions du monde, comme au Japon, où 20 % des entreprises ont disparu en raison d’une mauvaise planification .
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indice entrepreneurial québécois
Les initiatives de soutien au repreneuriat
Pour répondre à cette situation, plusieurs initiatives ont vu le jour. Le Centre de transfert d’entreprise du Québec (CTEQ) est en première ligne pour accompagner les propriétaires et les repreneurs à travers ce processus.
Un autre acteur clé est l’École d’entrepreneurship de Beauce (EEB), qui a lancé un programme de formation appelé Mouvement Propulsion Repreneurship. Ce programme, appuyé par des partenaires tels que le Fonds de solidarité FTQ, vise à former 1000 repreneurs et cédants au cours des cinq prochaines années. Le parcours EntReprendre s’adresse aux futurs repreneurs, tandis que le parcours Pérenniser accompagne les propriétaires dans la préparation de la vente de leur entreprise. Ces initiatives sont essentielles pour assurer la continuité des entreprises québécoises tout en les maintenant sous contrôle local.
Le Mouvement Repreneuriat du RJCCQ (Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec) vise à répondre au manque de repreneurs au Québec, un enjeu qui pourrait mener à la fermeture de 5,6 % des entreprises d’ici la fin de l’année. Ce projet structurant a pour objectif de soutenir la relance et le développement économique via le transfert d’entreprises. Il est organisé autour de trois axes : sensibiliser les entrepreneurs au repreneuriat, les outiller avec des formations et faciliter les rencontres entre cédants et repreneurs pour encourager les collaborations.
La formule de TRNSFR se distingue par son soutien complet et ses ressources structurées pour favoriser le repreneuriat au Québec. TRNSFR joue un rôle clé dans la facilitation des transferts d’entreprises en offrant un parcours bien encadré, conçu pour accompagner les cédants et les repreneurs à chaque étape du processus.
Grâce à son réseau de partenaires experts, TRNSFR met à disposition des outils essentiels, allant de l’analyse de la performance marketing à la revue fiscale et légale. Ce parcours assure que les repreneurs ont accès aux bonnes pratiques, à des données précises et à une vérification complète avant la transaction. En plus de cet accompagnement technique, TRNSFR facilite également les rencontres entre cédants et repreneurs, augmentant ainsi les chances de réussites des maillages et des transactions.
Avec cette approche, TRNSFR contribue à renforcer la continuité des entreprises québécoises, en réduisant les obstacles au repreneuriat et en favorisant un transfert fluide et sécurisé des entreprises, garantissant ainsi la pérennité du tissu économique local.
Les Défis du Financement
Un autre défi majeur dans le processus de transfert est l’accès au financement. Les entreprises sont souvent évaluées sur la base de multiples de leurs bénéfices, ce qui peut rendre l’achat difficile pour les repreneurs. La Banque Nationale et Investissement Québec, par exemple, ont proposé des solutions innovantes pour structurer des financements impliquant plusieurs intervenants ou ouvrir progressivement l’actionnariat. Cette approche permet aux employés clés de devenir actionnaires, évitant ainsi que l’entreprise soit rachetée par des groupes étrangers.
En outre, la souplesse du financement est essentielle pour permettre à l’entreprise de s’adapter à un environnement concurrentiel sans l’étouffer sous des contraintes financières. Cela inclut la création de marges de manœuvre pour faire face aux imprévus tout en assurant la pérennité de l’entreprise à long terme.
Un avenir prometteur, mais des défis à surmonter
Le Québec se trouve à un moment décisif pour le repreneuriat. L’ampleur de la vague de transferts d’entreprises offre des opportunités considérables pour les acquéreurs, tout en soulevant des défis pour les cédants. Il est urgent d’agir pour que les propriétaires d’entreprises se préparent adéquatement, non seulement pour maximiser la valeur de leur entreprise, mais aussi pour garantir qu’elle reste en mains québécoises.
En conclusion, le repreneuriat et les transferts d’entreprises sont des enjeux cruciaux pour l’avenir économique du Québec. Les initiatives en place, qu’il s’agisse du soutien des organismes soutenu par le gouvernement provincial, des banques, ou des programmes de formation d'entrepreunariat, sont des étapes importantes pour surmonter ces défis. Avec une préparation adéquate et un accompagnement stratégique, le Québec peut s’assurer que ces entreprises continueront de contribuer à la prospérité collective de la province dans les années à venir.